Je vous parle ici de communication de souveraineté
Pour la première fois, un rapport de l’ ANSSI – Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information sur les attaques massives menées contre des entités françaises, est accompagné d’une attribution formelle par l’État.
Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères désigne publiquement le service de renseignement militaire russe comme responsable des cyberattaques conduites depuis 2021.
Cette posture stratégique est un tournant. C’est un acte politique et diplomatique, porté par un dispositif coordonné entre l’ANSSI, la DGSE – Direction Générale de la Sécurité Extérieure, la DGSI – Direction Générale de la Sécurité Intérieure, le Commandement de la cyberdéfense (COMCYBER) et la DGA – Direction générale de l’armement, via le Centre de coordination des crises cyber.
On entre donc dans une ère où la parole d’État dans le champ cyber devient une arme de dissuasion. Cette posture nouvelle marque une évolution de la doctrine française dans la gestion des menaces numériques. Ce n’est plus seulement de la cybersécurité. C’est de la cyberstratégie publique.
pour lire le rapport CERT-FR : https://lnkd.in/ewcgDvHZ
Le Communiqué MAE : https://lnkd.in/exqWBN4F
Ce choix de rendre public ce qui relevait jusque-là du secret ou de la gestion confidentielle traduit un changement profond dans la façon dont l’État français conçoit sa communication stratégique. Nommer, attribuer, exposer : c’est ouvrir un front informationnel assumé, dans lequel les faits et la transparence deviennent des leviers de souveraineté. Cela signifie que la communication n’est plus seulement un accompagnement de crise ou un outil de prévention — elle devient une composante à part entière de la réponse nationale aux menaces, intégrée aux chaînes de décision politique et de défense.
Je mesure l’importance de ce tournant. Cette prise de parole officielle ne vise pas uniquement les spécialistes du secteur ; elle s’adresse à l’opinion, aux alliés, aux adversaires. Elle engage une posture. Elle prépare le terrain pour une culture de résilience collective et positionne la France dans une diplomatie cyber plus ouverte, plus offensive, plus lisible. Ce n’est plus un domaine réservé : c’est un message. Et il mérite d’être entendu largement.
-Véronique Loquet